Allocution du Secrétaire Général de l’Union Locale CGT de Vitry le François lors de la Manifestation du 30 janvier 2020

« Tout d’abord, j’adresse un bonjour chaleureux à tous les courageux venus des entreprises et des services, parce qu’ils sont toujours mobilisés et actifs pour sauver notre protection sociale et défendre nos retraites solidaires.

Ces jours-ci, les bénéficiaires de l’Allocation Personnalisée au Logement versée par la CAF (une des 4 branches de la Sécu), découvrent une nouvelle ponction de leur APL. Ça peut représenter jusqu’à 70 % de diminution de cette aide, chez des personnes âgées du quartier de La Fauvarge ! Mais c’est pareil pour de très nombreuses familles de tous les quartiers vitryats.

C’est donc pour elles, une nouvelle augmentation de leur reste à charge pour se loger, qui se cumule avec l’augmentation de + 1,53 %, décidée par Vitry-Habitat et le Foyer Rémois !

C’est une illustration qui montre qu’à cause de Macron, les pauvres sont encore plus pauvres, et les riches encore plus riches.

C’est pourquoi je vous salue, vous tous, pour votre présence à ce 6ème rendez-vous vitryat depuis le 24 septembre 2019, il y a 4 mois.

C’est aussi pourquoi je veux vous dire que, si parmi vous il y a 1 des 2 153 milliardaires en dollars (dont 41 français), qu’il sorte des rangs et se taise à jamais !

Bien sûr, c’est une boutade… Mais c’est pour rappeler qu’on lâchera rien, et que si on veut, on peut trouver l’argent sans passer par une « Conférence financière ».

Je veux vous rappeler que nous, syndicalistes, nous avons été les premiers à dénoncer le projet de réforme des retraites par le Gouvernement. Nous disions que ce nouveau régime proposé n’est pas réellement universel, mais de plus qu’il est injuste et inégalitaire.

Nous le dénoncions enfin, parce qu’il détruisait un système solidaire qui peut être amélioré, dans l’esprit même de son promoteur Ambroise Croizat.

Nous annoncions que le but véritable du Gouvernement avec ce projet, c’est de nous faire travailler plus longtemps, pour gagner moins… Mais il veut aussi organiser la privatisation, en adossant ce projet à la Loi Pacte déjà votée.

Le Conseil d’État vient de nous donner raison, la semaine dernière. Le Conseil d’État, c’est une instance qui a pour mission de :

  • conseiller le Gouvernement, l’Assemblée Nationale et le Sénat, dans l’élaboration de la Loi ;
  • et il est le juge suprême qui tranche les litiges entre les citoyens et l’Administration, comme pour l’annulation du Plan Social des « GM et S ».

Eh bien, le Conseil d’État a jugé sévèrement le projet de Loi gouvernemental sur les retraites. Il le déclare « lacunaire », « insincère », « non-universel » et souvent en contravention avec la Constitution ! Rien de moins !

C’est bien ce que disait notre tract N°118, appelant à la grève et à la manifestation le 17 décembre 2019, il y a un peu plus d’un mois.

Par ailleurs, la haute juridiction déplore le contenu de l’étude d’impact. Nous citons l’appréciation des juges qui déclarent que ce projet ne répond pas « aux exigences générales d’objectivité et de sincérité ».

Elle ajoute que dans le projet gouvernemental « les projections financières transmises restent lacunaires » et elle commande au Gouvernement de « l’améliorer encore avant de déposer le projet de loi au Parlement… ».

De plus, le jugement du Conseil d’État regrette le recours massif à 29 ordonnances, c’est-à-dire autant de chèques en blanc demandés aux parlementaires, pour réformer les retraites et pour – je le souligne – « transformer pour les décennies à venir un système social qui constitue l’une des composantes majeures du Contrat social », c’est-à-dire ce qui permet aux français de vivre ensemble.

Le Conseil d’État annonce que ce projet oblige à douter de « sa constitutionnalité et de sa conventionnalité ».

Il dénonce le mensonge d’État lorsqu’il décrète que « le projet de loi ne crée pas un régime universel de retraites », ou lorsqu’il estime mensongère toute la publicité faite, selon laquelle « chaque euro cotisé ouvre les mêmes droits pour tous » !

Pourtant, le Gouvernement semble vouloir passer en force. Il ne modifie pas d’un millimètre son calendrier express. Il semble prêt à violer nos règles démocratiques.

Allons-nous donc vivre une nouvelle phase aggravée de la violence d’Etat, en escamotant le Parlement après avoir criminalisé l’action syndicale et quasiment mis à prix la tête de Philippe Martinez, le leader de la CGT ?

Nous n’oublions pas non plus le terrible bilan de la répression des Gilets Jaunes : 12 107 interpellés, 10 718 Gardes à Vue, 3 000 procès judiciaires en comparution expéditive, 2 000 condamnations fermes. Mais c’est aussi dans leurs chairs  4 500 blessés dont plus de 100 blessures sérieuses à la tête, 25 yeux crevés et 4 mains arrachées, ainsi que 11 tués plus ou moins directement.

Ce pouvoir est le plus antisocial depuis des décennies. Il est dangereux car il est prêt à passer outre l’avis du Conseil d’État et tout ce qui constitue et garantit notre République.

Il n’est pas celui qui s’annonçait comme la force capable de nous protéger d’un saut dans l’inconnu et la barbarie.

Il est de ceux dont on se moque par cette définition : « la dictature, c’est ferme ta gueule ! La démocratie, c’est cause toujours ! »

Avec MM. Macron et Philippe, c’est « cause toujours », comme sous MM. Hollande et Sarkozy. Il y a une aggravation dans la continuité. Pendant 1 an et demi, les Gilets Jaunes l’ont expérimenté. Depuis 4 mois, nous syndicalistes défendant la retraite solidaire, nous subissons le même traitement et nous sommes accusés de tous les maux pourtant répandus par le Gouvernement.

Mais nous n’avons pas l’intention de céder sur ce qui représente l’indispensable viatique pour la dernière partie de notre vie.

  • Nous ne céderons pas avant le retrait de ce projet scélérat de retraite par points. Nous voulons améliorer notre système solidaire en revenant à la retraite à 60 ans, avec une retraite décente qui ne soit pas inférieure au SMIC.
  • Nous exigeons l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, pour les retraites aussi.
  • Nous ne lâcherons pas non plus sur le besoin incontournable de prendre en compte les pénibilités par des retraites anticipées.
  • Nous revendiquons que les riches et les revenus financiers participent à la solidarité, et de plus que ce ne soit pas à un niveau inférieur au nôtre. Nous exigeons que cessent les exonérations insupportables de cotisations sociales : ce sont elles qui creusent les déficits des comptes sociaux.
  • Nous voulons élire directement nos administrateurs à tous les niveaux de notre sécurité sociale.
  • Enfin, nous voulons que nos « représentants du peuple » tiennent compte de ce que nous exprimons majoritairement dans le pays.

C’est pourquoi je ferai parvenir dans les tout prochains jours une lettre ouverte à notre député afin qu’il respecte notre position et exprime à l’Assemblée nos demandes majoritaires de rejet du projet de Loi Macron sur les retraites.

Avant de nous engager dans la construction d’une nouvelle manifestation de masse dans notre ville, nous ressentons le besoin de rencontrer nos camarades, entreprise par entreprise, et service par service, pour travailler avec eux à mettre en place toutes les conditions d’une mobilisation plus puissante et décisive dans notre territoire. Cela nous prendra 2 ou 3 semaines, mais nous voulons le faire sérieusement.

En attendant, nous participerons par des délégations aux manifs de Châlons et St-Dizier.

Et nous prendrons des initiatives destinées à débattre largement et à former pour mobiliser mieux et plus largement.

Nous voulons être plus efficaces au service de tous. Tous ensemble, restons mobilisés, public, privé ; actifs, chômeurs, retraités et étudiants.

Et tous ensemble, sans rien lâcher, tous ensemble on gagnera !

Merci à tous ! »

José MICELI

Secrétaire Général de l’UL CGT de Vitry le François


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